Influencée par la spontanéité de Cy Twombly, la palette explosive de Joan Mitchell et la violence des traits d’Egon Schiele, deux forces me guident : l’émotion et la couleur.
Je peins de manière intuitive, sans concept préalable, animée par mes seules émotions. Le sujet s’impose à moi tout comme le choix des techniques. Acrylique, huile, encres, pastels gras et secs, fusain, pierre noire ou gravure peuvent se combiner pour créer de nouvelles matières. Alors surgit le chaos sur la toile blanche, autant de traces énergiques, libérées des contraintes d’harmonie et de composition. La couleur m’entraîne et me donne la force d’avancer. C’est souvent par la couleur que les formes naissent et s’articulent d’elles-mêmes. Puis vient le temps de la régulation, la prise de recul et le rééquilibrage des formes et des couleurs. Mes teintes, spontanément vives, sont alors progressivement recouvertes par l’ombre de tons plus sourds, et la lumière restante gagne en intensité. Ce n’est qu’une fois le tableau achevé que j’en découvre le sens et la logique.
Ainsi les toiles s’enchaînent, sous forme de séries, chacune réalisée dans une même urgence émotionnelle. Lorsque je sens que le geste perd en sincérité, je mets un terme à la série. De ce temps d’arrêt naît toujours une nouvelle veine créative.